ALERTEZ LES BEBES!

La nouvelle Loi d’Orientation et de Programmation de la Justice offre une place de choix aux enfants. Dans les 13 200 places de prisons prévues pour 2007, 900 sont réservées aux mômes, soit dans des Quartiers pour Mineurs aux sein des prisons, soit dans des Établissements Pour Mineurs, nouveaux bagnes pour enfants. En plus de cela, le ministère de la justice a décidé de fermer les centres ouverts (en particulier les Centres Éducatifs Renforcés qui accueillent les enfants sous le coup d’une sanction « éducative » qui consiste souvent en un Travail d’Intérêt Public) et de les transformer en Centre Éducatifs Fermés.
Ces centres sont censés pallier le manque de place dans les établissements déjà existants.
L’argument justifiant la nécessité de places supplémentaires serait que le nombre d’enfants placés est cent fois inférieur à celui des mineurs mis en cause par les services de police et de gendarmerie. La suractivité des commissariats, l’augmentation du nombre de flics et des moyens liés à leur fonction justifient donc l’enfermement de plus d’enfants.
Actuellement ils disposent d’une capacité de 850 places pour 54 Quartiers de Mineurs, il s’agit donc de doubler le nombre de places en prison. On nous a certes rabâché que ces enfants étaient de plus en plus dangereux et que pour éviter la situation du « Village des damnés », village où les enfants sont des aliens télépathes qui font le MAL (il s’agit d’un film…), il faut réagir vite avant que tous les gamins ne deviennent des barbares (des « étrangers »), le danger véritable étant que, maintenant, les parents risquent la prison quand leurs enfants feront des conneries (une mère vient d’être condamnée à un mois de sursis parce que son fils s’est fait prendre plusieurs fois à voler). Le risque est tellement grand qu’il ne s’agit même plus de créer des places dans les foyers existants mais d’enfermer et d’isoler tous ces « sauvageons ».
Dorénavant le contrôle s’effectuera dès l’école primaire, la Loi d’Orientation et de Programmation de la Justice prévoit : « des actions de prévention de la délinquance et de la violence (qui) devront être menées au sein des établissements scolaires, dès l’école primaire, en direction des élèves, de leurs parents et des enseignants. Ces actions seront notamment mises en œuvre par des psychologues, des médecins scolaires et par l’ensemble des professionnels concernés ». Cette phase d’observation et de contrôle durera jusqu’à l’âge de 10 ans, passé ce cap tous les coups sont permis. Sarkozy l’a d’ailleurs affirmé devant les caméras : « pour éradiquer la délinquance, je m’autorise les coups les plus fous… euh… les plus forts ! ».
Entre 10 et 13 ans, la sanction « éducative » consiste en la confiscation de l’objet ayant servi à commettre l’infraction, l’interdiction de paraître sur les « lieux du crime » et l’interdiction de rencontrer les victimes ainsi que les complices. Ensuite c’est l’âge fatidique de 13 ans, ce ne sont plus seulement les psychologues qui viendront voir si l’on gère bien notre crise d’ado mais les flics, les juges, les éducateurs et/ou les matons, tout cela très rapidement puisque la loi prévoit une procédure de jugement à délai rapproché qui permet au procureur de poursuivre devant le tribunal pour enfants les mineurs entre 13 et 16 ans dans un délai compris entre 10 jours et 2 mois, pour les mineurs entre 16 et 18 ans le délai est réduit à un mois. Cette procédure ne peut-être engagée que si une enquête sur la personnalité de l’enfant a déjà été faite…
Le parcours du combattant se fera en plusieurs étapes.
La première : le Centre Éducatif Fermé, qui sera sous la responsabilité de la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Ils se veulent la continuité des centres éducatifs renforcés avec juste un « renforcement des moyens existants et un développement de l’action éducative ». Cela est exprimé plus clairement dans le texte de loi par la formule : « un contrôle plus strict de ces mineurs délinquants de manière à prévenir des fugues afin de mieux répondre aux demandes des magistrats ». Il s’agit pour les éducateurs de construire « un cadre permettant de s’assurer de leur (les enfants) présence effective », mais attention sans barreaux aux fenêtres…
Six cents places seront créées d’ici 2007 et Perben a déjà annoncé l’ouverture de quatre centres en février et mars en Gironde, Eure, Drôme et Allier, ce dernier étant réservé aux filles. Tous ces centres auront un statut associatif. Trois autres centres à statut public sont prévus dans les Landes, l’Oise (à Beauvais), et en région parisienne, le but étant qu’à terme il y ait un centre par département, chacun accueillant huit à dix enfants. La durée de placement pourra être de six mois renouvelables une fois. Les enfants placés dans ces centres sont sous le coup d’un contrôle judiciaire ou d’un sursis avec mise à l’épreuve, ce qui signifie que s’ils ne respectent pas les obligations auxquelles ils sont astreints, s’ils font une tentative de fugue ou s’ils commettent des violences, ils risquent l’emprisonnement. Ces centres ne sont donc pas véritablement des prisons mais si on essaie d’en sortir, on y va…
A la fin de son séjour en CEF, l’enfant est suivi par un juge. La suite de la détention ou non de l’enfant ne dépend pas du délit pour lequel il est enfermé mais de son comportement. Un môme qui a essayé de sortir d’un centre fermé devient un « mineur multiréitérant dangereux »

et sera placé soit dans un Quartier pour Mineurs soit dans un Établissement Pour Mineurs.